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Published on: Actus

Faire des lieux des repères

Interview de Philippe de Taffin, Président de Matador, dans Sites Commerciaux (Décembre 2020/Janvier 2021)

Propos recueillis par Alain Boutigny

A retrouver dans Sites commerciaux, ici 

Extrait :

Alain Boutigny : Matador est « L’agence des lieux », les lieux évoquent les rassemblements et les rassemblements représentent un danger…Quel avenir pour les lieux ?

Philippe de Taffin : Les lieux sont une destination morale, sociale, constituant un système de valeurs auquel on se réfère. Ils sont essentiels et, pour tout dire, notre raison d’être profonde. Cela n’est pas nouveau. Notre discours ne date pas d’hier : cette crise est une occasion de faire mieux partager notre conviction. Pour notre part, ils doivent être forts et influents, d’autant plus aujourd’hui : car la fréquentation, il n’y a pas que ça : on doit, d’une certaine manière, pouvoir y aller… à distance.

A.B. : On parle bien ici de lieux physiques…

Ph. de T. : Travailler sur les revenus, bien sûr : il n’y a pas de durabilité sans les revenus. Travailler sur les flux, naturellement : c’est ce que les opérateurs font depuis longtemps. Mais les lieux ont aussi un capital d’attraction immatériel inestimable et c’est là-dessus qu’il faut se pencher. Le pouvoir véritable de la tour Eiffel va au-delà du nombre de ses visiteurs, c’est un repère, le symbole d’une ville, de tout un pays !

A.B. : Quel rapport entre la tour Eiffel, l’hippodrome de Longchamp, une gare, un centre commercial, qui n’ont pas le même usage, ne fonctionnent pas aux mêmes heures ni avec la même population ?

Ph. de T. : Leur point commun est le lien qu’ils créent, tous, avec leur public et leur environnement : on le voit, il ne fait pas bon vivre lorsque les lieux ne sont pas accessibles. Ils ont aussi en commun d’avoir l’obligation d’évoluer avec ce monde qui bouge vite, eux qui ne peuvent pas se réinitialiser tous les cinq ans.

[…]

A.B. : En est-il de même pour les bureaux, les galeries marchandes ?

Ph. de T. : […] D’une manière plus générale, c’est le rapport au changement qu’il faut modifier. Notre combat est d’enclencher un processus d’innovation, plus rapide que les études. […]

A.B. : Les centres commerciaux auraient davantage le temps ?

Ph. de T. : La philosophie est la même. Dans leur cas, il s’agit de donner du sens à la mixité dont on parle depuis longtemps et qui est devenue impérative ! Ici aussi, c’est la diversification qui doit conduire vers un lieu à usages multiples, cabinets médicaux compris. Le Spot, autrement dit la mutation d’Evry2, est un véritable concentré des enjeux actuels : le renouveau urbain, l’association du public et du privé, le groupement des usages et le rassemblement des populations au lieu de leur segmentation. On aurait pu le voir comme la rénovation d’un mail existant. On l’a regardé comme l’expression d’une ville qui doit se transformer, la capitale d’un Grand Paris Sud qui doit renforcer son attractivité.

[…]